A l'origine de Pirates des Caraïbes, il y a une attraction de Disneyworld. La Mickey Inc. voulait faire vivre sur grand écran ses mannequins articulés. A la surprise générale, en une époque (2003) où plus personne n'aurait misé un doublon sur le film de pirates, le premier opus s'est avéré une réussite, réinventant de façon mariolle les motifs du genre et mettant en scène des personnages attachants, à commencer par le capitaine Jack Sparrow, un forban à dreadlocks, regard enkhôlé et manières suaves, composé par un Johnny Depp inspiré.
Quelque 1718 millions (1 milliard 718 millions…) de dollars de recettes mondiales plus tard, que reste-t-il de la fraîcheur initiale dans le troisième (et dernier?) volet de la licence gagnante? Pas grand-chose à vrai dire. Issu d'une attraction foraine, Pirates des Caraïbes a renoué avec ses origines. C'est un Grand Huit, une expérience sensorielle éprouvante bien davantage qu'une relecture décalée de L'Île au Trésor.
Pirates des Caraïbes – Jusqu'au bout du monde dure 2 heures et 50 minutes. Cette élongation de la durée participe du syndrome de surenchère dont souffrait déjà le numéro deux. Combien d'informations un esprit humain peut-il absorber en trois heures menées toutes voiles dehors? Ou, autrement dit, combien de kilos de pop corn un estomac humain peut-il ingurgiter en trois heures?
Monsieur Plus a participé au scénario. Plus de personnages, plus d'action, plus de bagarres, plus de trahisons, plus d'incohérences. Plus de déplacements, plus de rebondissements. Plus de cris: il faut toujours hurler quatre fois "Feu!" avant que les canonniers ne s'exécutent. Plus de bruits: cliquetis d'épées + coups de canon + rugissement des combattants et râle des mourants + traits d'esprits des héros impavides + tonnerre + grondement du maelström + musique symphonique tonitruante… Quel tohu-bohu! Un quart d'heure en auto tamponneuse est moins stressant…
Ajouter à tout ça une virée en mer de Chine, une croisière sur les bords du monde, là où la mer bascule dans l'au-delà, le réveil de Calypso déesse des 7 mers… Et yo-ho, une bouteille de rhum pour oublier qu'on ne comprend plus rien à rien et que cela n'a finalement aucune sorte d'importance…
Le capitaine Sparrow n'apparaît qu'après une demi-heure. Mais on en a pour son argent car Johnny Depp se démultiplie. Echoué dans la quatrième dimension, il tient le rôle de tous les membres d'équipage du Black Pearl. Un festival de cabotinage, car Johnny Depp, enivré par son succès, est en roue libre depuis le deuxième chapitre. Quant aux autres personnages, plus caricaturaux les uns que les autres, ils grimacent et braillent à qui mieux mieux. On est assurément au cœur du système Bruckheimer, le producteur qui a mis le marketing au cœur de Hollywood et auquel on doit de jolis films comme Armageddon, Pearl Harbor, Top Gun, Ennemi d'Etat ou Black Hawk Down. Soit de l'action musclée au service d'une idéologie qui ne l'est pas moins.
Relevons trois curiosités dans ce manifeste pour un cinéma à rentabilité immédiate.
L'humour. Il est sempiternel. Non pas le bon gag libérateur ou la touche nonsensique qui ravit les poètes, mais le ricanement de celui qui se sent supérieur, qui n'est pas dupe. Deux clowns, Pinkel (le grand borgne demeuré) et Ragetti (le gros chauve pas futé), assurent les intermèdes comiques, en Laurel et Hardy des Frères de la Côte. Mais chaque personnage est amené à participer à la dérision générale. Parfois, la touche comique s'emballe. Deux soldats anglais chargés de surveiller le Coffre Maudit se lancent dans une divagation sur l'équipage ichtyomorphe de Davy Jones que les Monty Python, grands amateurs d'absurde poissonnier, n'auraient pas renié. Cet interlude tombe comme un cheveu sur la bouillabaisse, mais c'est sans importance, on est déjà lessivé à ce moment.
La mort. Les héros de Pirates ne prennent rien au sérieux. Ils ont raison, car la mort n'existe pas. Le capitaine Barbossa, tué à la fin du premier chapitre? De retour et en pleine forme grâce à un tour de vaudou. Jack Sparrow, avalé par le kraken dans le numéro 2? On le retrouve de l'autre côté du miroir, échoué sur le banc de sable de l'au-delà et on le ramène chez les vivants. Will Turner, le jeune premier tué sur la fin du 3 d'un coup d'épée en plein cœur? En pleine forme quelques minutes après: lui garde une cicatrice pectorale et sa chérie garde son cœur dans le Coffre Maudit (si j'ai bien compris). Donc en principe, Will ne peut aller à terre tirer un coup que tous les dix ans, le reste de l'année, il doit repêcher les noyés…
Directement dérivée des jeux vidéo où l'on peut acheter des vies de réserve, cette négation du néant va de pair avec la dématérialisation du réel qu'implique le recours à l'image de synthèse. L'Endeavor essuie à babord, à tribord et à bout portant un feu nourri. Les canons du Black Pearl et du Hollandais Volant font du petit bois du vaisseau amiral. Le glacial Cutler Becket affronte son destin. Il marche tranquillement dans la tourmente. Les informaticiens ont incrustés autour de lui des milliers d'échardes tourbillonnant comme une tempête de neige. Ce ballet de pixels laisse le spectateur indifférent.
La psychanalyse. Orphelins de mère, chacun des trois héros est en conflit avec le père. Will Turner joue double jeu (trop compliqué à expliquer comment, d'ailleurs j'ai déjà oublié) pour libérer son papa qu'un mauvais sort attache à Davy Jones. Affranchi de la tutelle de l'homme-pieuvre, Bill le Bottier peut se débarrasser de sa gangue de goémon et de palourdes. Elisabeth Swann s'est heurtée à son gouverneur de père pour des raisons sentimentales; assassiné par l'infect Cutler Beckett, il passe devant sa fille, flottant dans la barque du dernier voyage,fantômes parmi d'autres et elle a beau crier, il s'en va au fil de l'eau laissant la gamine à ses regrets éternel.
Quant à Jack Sparrow… Tous les pirates de la mer se sont retrouvés à Shipwreck Cove, un lagon au centre duquel se dresse un gratte-ciel d'épaves. Ils doivent unir leurs forces face à l'Armada de l'amiral Norrington. Incapables de s'entendre, ils doivent consulter le président du Tribunal de la Confrérie, le gardien de la Loi des outlaws, le mythique capitaine Teague. "Gasp", fait Jack Sparrow, qui n'a pas donné que des satisfactions à son vieux papa. Entrée (attendue) du meilleur d'entre les flibustiers: Keith Richards, droit dans ses bottes.
Sacré vieux Keith! On lui a rajouté quelques cheveux et cicatrices, on lui a collé une barbe noire, mais il a pu garder ses propres bagues à tête de mort. Il est le seul personnage du film à ne pas être atteint de l'agitation caractéristique des divertissements calibrés. Il parle lentement, d'une voix grave. Il ne se sépare pas de sa femme, enfin ce qu'il en reste: une tête réduite par les Jivaros (dans la vraie vie, le guitariste des Stones prétend avoir sniffé les cendres de son paternel, ô subtilité des sépultures primitives…) Il joue pour de vrai un peu de guitare. Il dit la seule phrase du film à être empreinte d'un rien de noblesse, d'une touche d'intelligence: "Le truc n'est pas de vivre, mais de rester en accord avec soi-même".
Au commencement, Johnny Depp s'est inspiré de la dégaine du guitariste des Rolling Stones pour composer Jack Sparrow et puis il s'est perdu dans l'auto parodie. L'original fait une apparition et montre en une minute ce qui sépare la classe de l'effervescence stérile.
je deteste les critiques dans ton genre qui se permettent de juger un film dont il a meme pas l'air de comprendre l'histoire, et en plus qui raconte la fin... retourne finir tes années universitaires de lettres où trouve-toi un job qui en vaille la peine!!!!!
Rédigé par : dieu | 05 juin 2007 à 14:49
Mais quand est ce que les bloggeurs diront enfin que Pirates des Caraïbes n'est qu'un vaste pompage de la série des Monkey Island, les quatre jeux vidéos d'aventure créés par Lucasgame devenus Lucasarts. Si, si, tout y est... les pirates, le vaudou, les bateaux, les fantômes !
Rédigé par : pascontent | 23 août 2007 à 13:26
c'est pas parce qu'il y a des thèmes récurrents qu'ils pompent tout, sinon les genres littéraires ou genres cinématographiques seraient tous des plagiats...
Rédigé par : david | 02 mars 2009 à 10:40
Le rédacteur de la critique a-t-il au moins compris le film ? Je ne crois pas et suis complètement d'accord avec euh... dieu? ^^
Rédigé par : Kurtz5 | 29 octobre 2010 à 23:57
C'est dommage le debut de la critique commencait bien... avec le fait de surencherir !
Mais comment peut on faire une critique sur un film que l'on a pas compris? Des que tu commence a parler des personnages on sent que tu est largué par le scenario, idem pour l'humour qui se base plus sur des situations (a mon gout) comiques que par 2 'intermedes', quant a la partie commencant par 'La mort' ce qui suit m'entraine a posé la question : As tu vu les 3films ? (dans l'ordre sa serait mieux pour toi vu que tu as apparemment des problemes de comprehension)
Tu n'aurais pas du surenchir sur la critique ;)
Rédigé par : jozé | 22 janvier 2011 à 12:21