Moins moite que La Nuit de l’Iguane, moins inquiétante que La Nuit du Chasseur, mais plus enjouée que La Nuit des Morts-Vivants, voici La Nuit des Nominations, point d’orgue des Journées de Soleure.
Cette jeune tradition remonte à la fondation de l’Académie du cinéma suisse en 2008, qui désigne au vote secret ses candidats au Prix du cinéma suisse, Quartz 2011qui sera attribué en grandes pompes à Lucerne au mois de mars.
Présenté par le comédien Leonardo Nigro, dit le pizzaiolo du cinéma suisse, la Nuit des Nominations a pris depuis janvier 2009 ses quartiers dans le bel espace de l’Uferbau. Après un laïus de Christian Frei, qui succède à Fredi M. Murer à la présidence de l’Académie, Didier Burkhalter prend la parole.
Un an presque jour pour jour après son baptême du feu, à Soleure, en ce même Uferbau, le successeur du tonitruant Couchepin a pris de l’assurance. On lui avait dit que le film suisse était «synonyme de conflits sans fin, de guerres intestines et impitoyables». Mais il y découvert «beaucoup d’humanité». Le conseiller fédéral affirm : «Le monde du cinéma suisse ne détruit pas, il construit de belles choses».
Auf deutsch, l’admirateur déclaré de La Petite Chambre observe qu’en matière de cinéma comme en matière de politique, l’important est de toucher l’âme. Il garantit que les règles définissant les rapports entre l’administration fédérale et les faiseurs de films avancent à pas lents mais concrets, qu’il ne s’agit pas encore de révolution, mais d’évolution. Il faut donner du temps, il faut moins d’argent (Geld) que de patience (Geduld). La branche l’applaudit.
L’air de rien, le petit père Burkhalter enterre les années Couchepin. Au «populaire de qualité» prôné par Bideau, il substitue ni vu ni connu un «courage et imagination» de belle allure; paraphrasant le mot d’ordre de l’ancien responsable de la section cinéma de l’OFC, il appelle même de ses vœux des films «touchants, stimulants et qui ont du succès». Le fonctionnaire vêtu de gris souris révèle son envergure lorsqu’il incite la branche à «prendre plus de responsabilités face à la liberté» et lance : «Ayez confiance en vous autant que l’autorité que je représente a confiance en vous». Les applaudissements et les bravos marquent la fin d’une ère et le retour de la confiance.
Après cette catharsis, les noms des personnes et des œuvres nominés dans neuf catégories (films d’animation, courts métrages, musique, scénario, second rôle, interprétations féminine et masculine, documentaire et long métrage de fiction) sont balancés sur les écrans à un rythme d’enfer.
Les meilleurs documentaires nominés pour le quartz 2011 sont:
Aisheen (Still Alive in Gaza), de Nicolas Wadimoff (with a little help fron Béatrice Guelpa)
Cleveland versus Wall Street, de Jean-Stéphane Bron
Guru, de Sabine Gisiger et Beat Häner
Romans d’ados 2002-2008, de Béatrice Bakhti
Unser Garten Eden, de Mano Khalil
Les meilleurs films de fiction nominés pour le quartz 2011 sont:
de Silvio Soldini
Der Sandmann, de Peter Luisi
La Petite Chambre, de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond
Sennentutschi, de Michael Steiner
Stationspiraten, de Michael Schaerer
Une remarque pour finir: Cosa Voglio di Più, qui narre assez platement la plus banale des histoires d’adultère qui soit (elle est blonde, il est brun, ils ne sont pas libres mais il faut bien que le corps exulte) mérite-t-il de finir au tableau d’honneur non seulement dans la catégorie du meilleur film mais aussi celle du meilleur scénario ?