Bouton est une marionnette jaune comme un bouton d’or, mais tout flapi, tout pelucheux, tout élimé avec deux grands yeux ronds de Muppets. Il est un peu ronchon, un peu égoïste, assez naïf, il a une âme d’enfant et un cœur en or. Il sort de sa valise et dialogue sur scène avec Johana. Dans le public, les enfants éclatent de rire.
Johana est malade. Johana va mourir. Res Balzli filme son dernier combat avec une pudeur et une intensité rares.
On peut se croire courageux de regarder la mort en face et documenter l’évolution d’un cancer fatal, comme l'a fait Mehdi Sahebi dans Zeit des Abschieds (2006). Philosophie, poésie, humour, empathie: Bouton propose infiniment plus qu’un document susceptible d’ébranler le spectateur, confronté à sa propre finitude. Le film commence en hiver, avec un trio vocal féminin (l’ensemble Nørn) qui entonne un thrène étrange devant une croix, sur le bord de la route. Les trois chanteuses figurent le chœur antique. Elles reviendront à deux reprises, dans le rôle des Parques. Assises au pied d’un arbre, elles représenteront hier, aujourd’hui et demain; glissant au fil de l’eau, un cercueil attaché à la poupe de leur esquif, elles fermeront le film dans un rôle de nochers.
Et puis il y a Bouton, confident, porte-parole, grigri de Johana. Marionnettiste et ventriloque, la jeune femme malade prête à la peluche jaune les mots qui conjurent sa peur, sa douleur. Comme les gosses, Bouton n’a pas de tabou et craint de devenir orphelin. Il est beaucoup plus qu’un pantin: redoutant le moment inexorable où la force qui l’anime s’interrompra, ne laissant de lui qu’une écorce vide, il symbolise l’humanité entière.
L’âme de Bouton, c’est Johana Bory. Une belle âme assurément. Elle se consume devant la caméra, s’interroge, dit ses peurs, sa fatigue, rit encore, se bat, se décourage, pleure de douleur… Elle s’insurge contre l’injustice de mourir à 30 ans. Il y a plus injuste encore, ces gosses cancéreux auquel Lukas, l’ami de Johana, amène un peu de joie dans son costume de clown.
Res Balzli n’a pas filmé le dernier mois de Johana. Il ne voulait pas montrer la dégradation physique. Lukas chante Girl, de John Lennon, en s’accompagnant au ukulélé. Alors on sait que Johana n’est plus parmi nous. Plus tard, Lukas croquera dans une boule de Berlin, car la vie reprend ses droits.
Le film se termine sur un avis mortuaire. «Johana 1977-2010 : Pourquoi as-tu dû partir si vite, que vais-je devenir sans toi?» C’est Bouton qui a inséré ce faire-part. Bien au-delà du frisson mélodramatique facile, nous sommes dans le désarroi existentiel le plus glacial. Qu’adviendra-t-il de nous, éternels orphelins, quand ceux que nous aimons ne nous insuffleront plus la vie? Nous sortons du documentaire de Res Balzli apaisés et graves, portant le deuil de Johana, notre sœur, cette grande âme que nous n’avons pas eu la chance de connaître.
Genius est rien mais le travail et la diligence.
Rédigé par : Nike Shox | 26 janvier 2011 à 09:07
Son lever, son départ pour l’institut où il passe chaque jour quelques heures, la tendresse et la lassitude de sa femme. Son identité se défait, sa vie se finit, Fini reste facétieux.
Rédigé par : oakley frogskins | 06 août 2011 à 05:27
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Rédigé par : chanluu | 18 mai 2012 à 05:08