Le cinéma américain aime la bagarre. Deux films témoignent coup sur coup de cette tradition, dans deux registres, mais avec une égale pugnacité et, selon la formule consacrée, "d’après une histoire vraie".
D'abord, l'édifiante histoire de Micky Ward qui, dans les années 80, s’entraîne dur pour devenir champion de boxe et s’émanciper de son envahissante famille. Une matriarche abusive, sept sœurs hystériques, mais aussi un frère mythomane et accro au crack. Selon le schéma éprouvé des films de boxe, le héros commence par s’en prendre plein la gueule avant de knock-outer magistralement son adversaire. The Fighter se distingue toutefois des ses prédécesseurs en mettant l'accent sur les liens sentimentaux, les conflits familiaux et l'ascension sociale plutôt que sur le rituel du match. Accoutumé à perdre du poids pour ses rôles (il a déjà accompli cet exploit dans The Machinist, Rescue Down), Christian Bale, dans une démarche opposée à celle de Robert DeNiro dans Raging Bull, a posé 15 kilos pour The Fighter. Cet effort méritait bien un oscar. Le comédien va à présent devoir se refaire du lard pour faire un Batman plausible dans The Dark Knight Rises.
L'autre combat dont le cinéma raffole depuis L'Exorciste en 1974 est celui de l'Eglise contre le Démon. L’obscurantisme se portant bien, les films sur l’exorcisme se succèdent à un rythme soutenu. The Rite commence par une citation de Jean Paul 2 comme quoi le combat de l’archange Michael est toujours d’actualité, puis propose une intéressante variation sur le thème de l’arroseur arrosé: à Rome, un vieil exorciste se fait posséder à son tour. Il faut tout le talent d’un jeune prêtre pour extirper le mal. Avec sa bande son carminaburanant et ses clichés (cheval noir aux yeux rouges, visiblement échappé de Metzengerstein), le rite laisse deviner de hideux démons : la paresse du réalisateur (Mikael Hafström) et la cupidité -Anthony Hopkins cachetonne sans vergogne.