Ce sont les frères Lumière qui ont inventé le cinéma, mais se fussent-ils appelés Abat-Jour (pour reprendre un gag de Godard), Klara Tasovskà s’en serait accommodée. Dans Pulnoc, la réalisatrice tchèque traite d’un sujet a priori anticinématographique, puisqu’il s’agit des ténèbres. Encore que le spectateur, sans s’en rendre compte, passe la moitié du temps dans le noir, ce noir qui sépare chaque photogramme de la pellicule…
Le combat entrepris par l’homme préhistorique, allumant un feu pour dissiper les ténèbres, a été couronné de succès au-delà de toute espérance. Avec l’appui de la fée Electricité, le bipède conquérant a fait la lumière sur l’ensemble du globe. Cette victoire éclatante a un revers : l’éradication de la nuit s’accompagne d’une annihilation des mystères, d’un apauvrissement de l’imaginaire, de fatigue chronique…
Ténèbres, ténèbres complices, où avez-vous disparu? Klara (comme par hasard elle se nomme Klara…) commence par raconter le combat d’un citoyen contre l’éclairage publique éclairant a giorno sa chambre à coucher. De l’ampoule brisée, la résistance s’élève à la dignité de croisade : les «ténébreurs» disjonctent le réseau plongeant des villages dans l’obscurité.
Peu de visages à l’écran. Des détails noyés dans un goudron de pixels, des images qu’on dirait filmées par une taupe, dans sa galerie. Cette œuvre au noir permet de fantasmer le black out ultime, de se retrouver avec soi même, de renouer avec le rythme biologique nié par nos cités éclaboussées de néons…
L’homme est un cochon qui regarde les étoiles, affirme un diction tchèque. Mais, les citadins ont beau levé le groin, il n’est plus guère loisible de voir la voûte incrustée de diamants à travers le halo lumineux des villes. «Le ciel plein d’étoiles est source des religions. Tant qu’on les voit, les religions existent. Quand on cesse de les voir, il n’y a plus de transcendances. Je pense que les terroristes sont formés dans les villes, coupées du ciel, pas dans les déserts... - comme celui de Tacama, au Chili, oasis des astronomes qui bénissent sa noirceur. Un autre penseur relève que les églises sont éclairées de l’extérieur, ce qui détruit l’obscurité sur 20 kilomètres; mais on ne peut pas y entrer.
Par-delà les considérations écologiques, rappelant que l’omniprésente électricité a un prix, ce beau film tout en noirceur en appelle à éteindre la lumière pour retrouver la lumière intérieure.
A propos d’obscurité, dans Fini (Danemark), elle descend sur un vieux monsieur atteint de la maladie d’Alzheimer. Jacob Secher Schulsinger filme avec tendresse une journée de son grand-père. Son lever, son départ pour l’institut où il passe chaque jour quelques heures, la tendresse et la lassitude de sa femme. Son identité se défait, sa vie se finit, Fini reste facétieux.
Son lever, son départ pour l’institut où il passe chaque jour quelques heures, la tendresse et la lassitude de sa femme. Son identité se défait, sa vie se finit, Fini reste facétieux.
Rédigé par : oakley frogskins | 06 août 2011 à 05:25
On objectera que le rythme lent, les discussions philosophiques risquent d’ennuyer les têtes blondes. Tant pis pour ces petites scorpions rompus au rythme trépidant de L'Age de Glace 1, 2 & 3. Pas besoin de lire la Torah et le Talmud pour aller voir le film de Sfar. Il suffit d’ouvrir son coeur, de laisser ses préjugés à l’entrée, de se laisser porter par les couleurs et la musique vives – et rire aussi quand, au Congo, un reporter belge à houppette (voix de François Damiens !) bavoche son catéchisme colonialiste.
Rédigé par : Jordan Shoes | 10 septembre 2011 à 09:52
J’aime bien ce site il est très étonnant vraiment Bravo!!
Rédigé par : horoscope | 30 septembre 2011 à 12:46
Sont celles qui ont connu la douleur» scandait naguère KDD en hommage à Betty Shabazz, veuve de Malcolm X.
Rédigé par : thenorthfacejacketssale | 15 décembre 2011 à 02:48
Il suffit d’ouvrir son coeur, de laisser ses préjugés à l’entrée, de se laisser porter par les couleurs et la musique vives – et rire aussi quand, au Congo, un reporter belge à houppette (voix de François Damiens
Rédigé par : North Face Sale | 19 décembre 2011 à 07:50
Son lever, son départ pour l’institut où il passe chaque jour quelques heures, la tendresse et la lassitude de sa femme.
Rédigé par : christian louboutin outlet | 15 février 2012 à 07:26
I work at a big bookstore that is pushing their ereader, and I still can't bring myself to get one either. You're not alone
Rédigé par : Hermes Replica | 22 février 2012 à 09:37
Sont celles qui ont connu la douleur» scandait naguère KDD en hommage à Betty Shabazz, veuve de Malcolm X.
Rédigé par : Jack Pulido | 26 septembre 2012 à 10:57